-10 000 : LE NEOLITHIQUE

Le Néolithique est une période de la Préhistoire marquée par de profondes mutations techniques, économiques et sociales, liées à l’adoption par les groupes humains d’un modèle de subsistance fondé sur l’agriculture et l’élevage, et impliquant le plus souvent une sédentarisation. Les principales innovations techniques sont la généralisation de l'outillage en pierre polie et de la poterie. Dans certaines régions ces mutations sont telles que certains auteurs considèrent le Néolithique comme le début de la Protohistoire.


L’AGRICULTURE

L'apparition de l'agriculture est l'une des innovations néolithiques les plus lourdes de conséquences au niveau de l'organisation sociale. La sédentarisation a longtemps été considérée comme une conséquence de l'agriculture ; il est désormais acquis qu'elle l'a au contraire précédé, notamment au Natoufien. Le climat particulièrement favorable du croissant fertile permettait à des groupes de chasseurs-cueilleurs d'assurer leur subsistance grâce aux abondantes céréales sauvages de la région. La pression démographique aurait conduit ces groupes à s'étendre vers des régions moins favorables où il était nécessaire de prendre soin des céréales et des légumineuses pour en tirer pleinement parti.

Pour J. Cauvin, l'explication de l'apparition de l'agriculture ne peut toutefois se résumer à des pressions environnementales ou démographiques mais est plus vraisemblablement socio-culturelle. Pour la première fois, les groupes humains ne se scindent pas lorsqu'ils atteignent le seuil critique au-delà duquel des tensions internes apparaissent : l'agriculture serait une solution pour créer de nouveaux rapports sociaux.

Il est peu probable qu'il existe une explication unique à l'adoption de l'agriculture dans les différents foyers de néolithisation à travers le monde : le mil est domestiqué au Sahara, l'orge, le blé et l'engrain au Moyen-Orient, le millet (Setaria italica) dans le bassin du Fleuve Jaune, le riz dans le bassin du Yangzi Jiang en Chine, des plantes à tubercule en Asie du Sud-Est, le sorgho au Sahel, etc. Le radoucissement climatique consécutif à la fin de la Dernière Glaciation favorise la croissance des plantes, et la réussite de cette stratégie de subsistance. La chasse et la pêche sont cependant encore longtemps utilisées parallèlement à la culture et à l'élevage.

Si le chien a été domestiqué dès le Paléolithique par des chasseurs-cueilleurs, au Néolithique les animaux commencent à être domestiqués pour leur viande, mais aussi pour leurs productions complémentaires (lait, laine, cuir) ; l'utilisation de leur force de travail, comme animaux de trait, de bât ou de selle, intervient plus tardivement. Le choix se porte sur quelques espèces, les plus dociles ou les plus prisées. Au tout début du Néolithique, il est évidemment souvent très délicat de déterminer si des restes osseux appartiennent à un animal sauvage ou domestique, tant ils sont encore proches. Les dates de domestication des différentes espèces sont donc sujettes à de nombreux débats (voir dates et lieux de domestication).

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